mercredi 14 mai 2008

Les joies de la formation...

Les jours se suivent et se ressemblent... ou tout du moins les matinées.
Cela fait déjà trois demi-journées que nous suivons la formation sur les réalités socio-politico-économiques du Québec et il n'y a pas grand chose à dire à ce sujet, si ce n'est que je trouve que c'est intéressant et pas du tout superflu. Le personnel de l'ONG à laquelle le Ministère de l'Immigration et des Communautés Culturelles sous-traite les séances de formation est vraiment très compétent. Même chez les fonctionnaires, il semble qu'il y ait une culture du résultat très poussée et c'est très agréable d'en profiter (c'est comme pour tout, la culture du résultat ne dérange personne tant que ce ne sont pas les services de police ou du fisc qui l'appliquent!).
Par contre, petite parenthèse, les habitudes acquises à l'école reviennent au galop dès que je remets les pieds dans tout ce qui ressemble de près ou de loin à une salle de cours: j'ai déjà besoin d'un double expresso à la pause de 10h30. Je dois batailler à chaque fois pour l'avoir court et sans crème car la personne derrière le comptoir veut toujours m'allonger le café, me faire un café "américain". Cela consiste en fait à faire un café normal et à le diluer dans au moins trois volumes d'eau... beurk!

Je disais donc, du côté de la formation, rien à redire. Par contre du côté des ap-midi... c'est beaucoup plus animé!
Hier ap-midi par exemple, Emma est allé à son rdv avec la SAAQ (Société de l'Assurance Automobile du Québec), à ne pas confondre avec la SAQ (quelque chose comme la Société des Alcools du Québec), pour procéder à "l'échange" de son permis français pour un permis québecquois. Le terme d'échange est un peu abusif car en fait ils se contentent de refaire un permis et sans vous reprendre votre ancien. Bref, nous voilà partis pour une expédition métro + bus qui nous a amené en dehors de Montréal dans un banlieue qui ressemble à si méprendre à toutes les banlieues résidentielles très (trop) calmes que l'on voit dans les films / séries américain(e)s.
Tout se serait bien passé si nous n'étions pas tombé sur un *+##@& de chauffeur de bus. Laissez moi vous expliquer ce qui c'est passé. Comme d'habitude, nous n'étions pas sûrs à 100% de l'arrêt où il fallait descendre. Du coup, à la station qui semblait être la bonne, Emma s'avance vers le chauffeur du bus et lui demande si c'est ici pour aller à la SAAQ. De mon côté, je me suis dit que j'allais anticiper une éventuelle réponse affirmative de la part du chauffeur et j'ai donc commencé à me rapprocher de la porte arrière, pensant qu'il ne nous laisserait jamais descendre par l'avant. C'est alors que je vois Emma descendre par la porte avant que le chauffeur vient de lui ouvrir! Comme j'étais à mi-chemin entre l'avant et l'arrière, je me suis précipité pour descendre également par l'avant et suivre Emma. Le chauffeur ferme la porte. Je me permets alors de lui faire remarquer avec un air de touriste tout perdu "Excusez-moi, je descends ici aussi." C'est alors qu'il me répond "Non, vous descendrez au prochain arrêt" et démarre...

???!!!!

La décence m'empêche de donner trop de qualificatifs à ce _ _ _ _ _ _ de chauffeur (à remplir soi-même!). Inutile de vous dire que les bras m'en sont tombés. Et à en croire ce que je voyais à travers la vitre sale du bus, Emma n'en croyais pas ses yeux non plus. On pouvait clairement lire sur sa tête "Mais bon sang qu'est-ce qu'il a encore fait??". Je suis effectivement descendu à l'arrêt suivant (qui n'était pas très loin, heureusement) et Emma m'a relaté sa conversation avec un autre usager du bus descendu en même temps qu'elle: "Vous êtes française, non?" "Heu, oui" dit-elle en regardant alors le bus s'éloigner avec moi encore à l'intérieur. "Ça se voit à votre regard. Ne vous inquiétez pas, les chauffeurs de bus sont pas commodes ici". "Ha..."Je n'aime pas faire des généralités, mais s'ils sont tous comme lui, "pas commode" est un gros euphémisme.

Le retour n'était pas triste non plus: nous avions épuisé nos réserves de tickets de transport. Etant donné qu'ils coûtent cher à l'unité et que les carnets sont vendus uniquement dans les stations de métro, nous nous sommes dit que nous pouvions marcher jusqu'à la station où nous étions sortis à l'aller. Ça tombait bien, je n’avais pas tellement envie de remonter dans un bus de si tôt.
Nous voilà donc partis pour faire environ 1000 numéros: nous devions aller du 400+ de l'avenue Baroussa ouest au 700+ de Baroussa est. C'est alors que nous passons devant une plaque "10460 Rue St-Urbain". Je me dis "Tiens, c'est marrant, c'est notre rue", sauf que nous on habite au 3777, et je propose alors à Emma de rentrer à pieds. Je me dis qu'après tout, c'est un bel ap-midi et que cela ne devrait être que de la ligne droite. Et bah non. La rue St-Urbain est un calvaire à marcher dans la partie nord de Montréal. C'est une rue qui s'arrête subitement à un carrefour pour reprendre 50m plus loin à un autre carrefour sur la gauche ou la droite, qui traverse des voies rapides et qui ne se termine jamais. Une heure trente et 3000 numéros plus tard, Emma est tellement sur les rotules que c'est moi qui porte son sac à main (d'un poids!!) et elle avance au rythme de croisière d'un escargot faisant du 110m haies. On aurait dit qu'elle en était à son 2 ou 3ème tour d'Ayers Rock en tongues.
Tel le Messie, une station de métro salvatrice apparaît dans toute sa splendeur au détour d'une rue. Nous nous apercevons alors que nous n'avons marché que 4 stations sur les 10+ que nous avions faites à l'aller en métro!! En gros il nous restait au bas mot encore deux heures de marche pour rentrer chez nous. Devant l'air complètement défait d'Emma, j'achète des tickets et en moins de 15 minutes, nous sommes rentrés à la maison.

Voilà pour hier!!

Bon, je vais vous laisser et demain je vous raconterai pourquoi nous sommes parés à dormir par terre le 1er juin dans notre nouvel appart...

A bientôt!

1 commentaire:

pascale a dit…

Emma, ne te laisse plus faire avec les idées de raccourci de Jean-Paul!